Les risques cachés en prévention du risque infectieux

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Les protocoles de prévention des infections visent à protéger notre santé, mais ils peuvent parfois masquer certaines vulnérabilités. Mal maîtrisés, ces risques peuvent compromettre la sécurité et la confiance accordées au système de soins.

Tous les désinfectants ne se valent pas et les hygiénistes en sont conscients. Il s’agit de choisir un produit efficace. Dans les zones à risque, ne pas utiliser un désinfectant sporicide peut compromettre la sécurité des patients.

Les désinfectants sporicides éliminent les agents pathogènes particulièrement résistants, comme Clostridioides difficile ou Candidozyma auris (anciennement Candida auris). Ces micro-organismes survivent longtemps sur les surfaces et résistent aux désinfectants classiques. Sans désinfectant sporicide, les spores peuvent survivre plusieurs mois dans l’environnement. Le risque de transmission augmente, que ce soit par le personnel soignant, les équipements ou les surfaces contaminées.

Comment réduire les risques ?

Choisissez un désinfectant dont l’efficacité sporicide est validée selon les normes EN 17126 (sur Bacillus cereus, Bacillus subtilis et Clostridioides difficile) et EN 17846 (sur C. difficile). Ces essais attestent de l’efficacité du produit contre les spores bactériennes, des pathogènes particulièrement résistants et problématiques.

Commettre une erreur lors de la préparation d’une solution désinfectante est possible. En effet, les produits nécessitant une dilution précise, comme les tablettes ou sachets à diluer, complexifient les préparations. Il faut alors respecter minutieusement les dosages pour obtenir la concentration adéquate.

Sous-dilution (trop peu d’eau ou excès de produit) : la solution est trop concentrée. Elle peut endommager les surfaces, exposer le personnel à des concentrations chimiques élevées et entraîner un gaspillage inutile.

Sur-dilution (trop d’eau ou quantité insuffisante de produit) : la solution n’est pas assez concentrée. Elle n’élimine pas efficacement les micro-organismes infectieux des surfaces. Plus inquiétant encore, des doses sublétales de désinfectant appliquées répétitivement entraînent l’adaptation des micro-organismes et augmentent le risque de résistance aux antimicrobiens (RAM).

L’utilisation de produits sporicides pré-dosés ou prêts à l’emploi atténue ces risques et aide à garantir une désinfection efficace et constante.

Comment réduire les risques ?

Privilégiez les désinfectants sporicides prêts à l’emploi ou pré-dosés. Vous évitez ainsi les erreurs de dosage et assurez une désinfection constante et efficace.

De nombreux désinfectants disponibles sur le marché imposent de respecter des temps de contact variables selon les pathogènes à éliminer. Certains produits sont bactéricides en une minute, mais nécessitent jusqu’à dix minutes pour atteindre une efficacité sporicide. Sans instructions claires ni formation rigoureuse, la variabilité des temps de contact peut entraîner des erreurs susceptibles de compromettre l’efficacité de la désinfection.

Comment réduire les risques ?

Choisissez un désinfectant avec un temps de contact uniforme, quelle que soit l’activité antimicrobienne recherchée. Il devient plus simple de former le personnel et de garantir une désinfection efficace et constante, même dans les zones les plus critiques.

Lorsque le temps de contact d’un désinfectant est trop long, le traitement des dispositifs médicaux réutilisables s’en trouve rallongé. Ce délai d’attente peut perturber l’organisation des examens, notamment dans les services où le matériel doit être rapidement réutilisé. De plus, ces temps prolongés peuvent augmenter l’exposition du personnel aux produits chimiques et accélérer l’usure des surfaces et des équipements.

Comment réduire les risques ?

Choisissez un désinfectant de haut niveau, rapide, avec un temps de contact unique et efficace sur un large spectre. Un temps de contact court et uniforme assure une désinfection optimale et réduit le risque de sous-exposition lié au séchage prématuré des surfaces.

De nombreux systèmes automatisés destinés à la désinfection des dispositifs médicaux exigent un investissement initial conséquent. En effet, il faut tenir compte de l’achat des machines, mais aussi des contrats de maintenance, des mises à jour logicielles et de la formation du personnel.

Au-delà de l’investissement initial, les coûts d’exploitation sont souvent sous-estimés : arrêts pour maintenance, réparations, besoin de systèmes de secours, sans oublier la consommation d’eau et d’énergie.

Comment réduire les risques ?

Optez pour la désinfection par essuyage afin de réduire considérablement les coûts. Cette méthode ne nécessite ni investissement initial, ni contrat de maintenance, ni consommation énergétique. Indépendante des machines et de l’électricité, la désinfection par essuyage offre un modèle économique stable et une flexibilité accrue. Elle permet non seulement de limiter l’investissement de départ, mais aussi de diminuer les coûts récurrents liés à la maintenance et à la formation du personnel.

De nombreux désinfectants de haut niveau, notamment les oxydants comme le chlore ou l’acide peracétique, peuvent corroder les métaux, altérer les plastiques et endommager les revêtements sensibles. Avec le temps, ils peuvent :

  • provoquer des fissures ou des déformations des composants du dispositif
  • rendre opaques les lentilles et les écrans
  • diminuer la durée de vie des équipements médicaux

L’incompatibilité d’un désinfectant avec le matériel médical augmente les coûts de remplacement. Elle peut aussi nuire aux performances des dispositifs, entraînant des mesures inexactes ou des défaillances mécaniques.

Comment réduire les risques ?

Privilégiez un désinfectant compatible avec les matériaux et validé pour les surfaces et les dispositifs utilisés dans votre établissement. Vous éviterez ainsi la corrosion, la décoloration et les dommages mécaniques. Le choix d’un produit dont la compatibilité est démontrée protège vos équipements, préserve leurs performances et limite les réparations ou remplacements coûteux liés à l’usure chimique.

Les risques cachés en matière de prévention des infections peuvent fragiliser les mesures d’hygiène hospitalière. En adoptant les bons désinfectants et les bonnes pratiques, vous garantissez à la fois la sécurité des patients et l’efficacité de vos procédures.